There are sites or blogs for daily Talmud reading (see a consideration of the practice here), daily Bible, etc., and the reasoning, of course, is that a cycle of daily (or even weekly) readings will give you in relatively small snippets, not so large as to be indigestible, the whole of this or that text after a given period of time, assuming you possess and practice our all too absent quality of consistency. Whether you’re looking for spiritual direction, memory polishing, or simply a structured way to get through books, it works, assuming you can muster the discipline to keep at it. It’s also good for language practice: exposure to new words and forms along with frequent reinforcing of the commonest words, phrases, and forms. And for most people, “language in action” is rather more fun than looking at vocabulary lists and paradigms of nominal and verbal morphology. So how about a little Proust for French practice?
The obligatory and ubiquitous photograph of a mustachioed Proust
Marcel Proust (1871-1922; ici en français) is most well known for his long and unfinished novel À la recherche du temps perdu, published in seven parts from 1913-1927 (first English translation 1922-1930). There are websites (for example, here and here) on Proust and the novel, and I heartily recommend Patrick Alexander’s Marcel Proust’s Search for Lost Time: A Reader’s Guide to the Remembrance of Things Past — I’ve not read Alain de Botton’s How Proust Can Change your Life nor Roger Shattuck’s Proust’s Way: A Field Guide to In Search of Lost Time. — and for an early estimation, see Edmund Wilson’s here. The French text, either in HTML or PDF, will be found here hosted by the University of Adelaide, and also here; it is from the latter that the text below has been taken. Some readers may also be interested to know that Proust’s manuscripts have fueled a notable amount of study (see, for example, here [abstract only], here, and here).
I’m hardly ambitious enough to start calling this series “Daily Proust” or the like, but I do want to make it a regular appearance here. Each reading will only be a paragraph or two in length. It will be immediately obvious that I am not beginning with the novel’s first part, Du côté de chez Swann (Swann’s Way). The outline of the narrative, such as it is, of the novel can be had from the books mentioned above and some of the websites, but that is not really the point of these serial reading selections. Here the goal is simply getting to know and savoring Proust’s French and stimulating (in French) some philosophical reflection.
Here is the text, the beginning of À l’ombre des jeunes filles en fleur:
Première partieAutour de Mme Swann
Ma mère, quand il fut question d’avoir pour la première fois M. de Norpois à dîner, ayant exprimé le regret que le professeur Cottard fût en voyage et qu’elle-même eût entièrement cessé de fréquenter Swann, car l’un et l’autre eussent sans doute intéressé l’ancien ambassadeur, mon père répondit qu’un convive éminent, un savant illustre, comme Cottard, ne pouvait jamais mal faire dans un dîner, mais que Swann, avec son ostentation, avec sa manière de crier sur les toits ses moindres relations, était un vulgaire esbrouffeur que le marquis de Norpois eût sans doute trouvé, selon son expression, « puant ». Or cette réponse de mon père demande quelques mots d’explication, certaines personnes se souvenant peut-être d’un Cottard bien médiocre et d’un Swann poussant jusqu’à la plus extrême délicatesse, en matière mondaine, la modestie et la discrétion. Mais pour ce qui regarde celui-ci, il était arrivé qu’au « fils Swann » et aussi au Swann du Jockey, l’ancien ami de mes parents avait ajouté une personnalité nouvelle (et qui ne devait pas être la dernière), celle de mari d’Odette. Adaptant aux humbles ambitions de cette femme, l’instinct, le désir, l’industrie, qu’il avait toujours eus, il s’était ingénié à se bâtir, fort au-dessous de l’ancienne, une position nouvelle et appropriée à la compagne qui l’occuperait avec lui. Or il s’y montrait un autre homme. Puisque (tout en continuant à fréquenter seul ses amis personnels, à qui il ne voulait pas imposer Odette quand ils ne lui demandaient pas spontanément à la connaître) c’était une seconde vie qu’il commençait, en commun avec sa femme, au milieu d’êtres nouveaux, on eût encore compris que pour mesurer le rang de ceux-ci, et par conséquent le plaisir d’amour-propre qu’il pouvait éprouver à les recevoir, il se fût servi, comme un point de comparaison, non pas des gens les plus brillants qui formaient sa société avant son mariage, mais des relations antérieures d’Odette. Mais, même quand on savait que c’était avec d’inélégants fonctionnaires, avec des femmes tarées, parure des bals de ministères, qu’il désirait de se lier, on était étonné de l’entendre, lui qui autrefois et même encore aujourd’hui dissimulait si gracieusement une invitation de Twickenham ou de Buckingham Palace, faire sonner bien haut que la femme d’un sous-chef de cabinet était venue rendre sa visite à Mme Swann. On dira peut-être que cela tenait à ce que la simplicité du Swann élégant n’avait été chez lui qu’une forme plus raffinée de la vanité et que, comme certains israélites, l’ancien ami de mes parents avait pu présenter tour à tour les états successifs par où avaient passé ceux de sa race, depuis le snobisme le plus naïf et la plus grossière goujaterie, jusqu’à la plus fine politesse. Mais la principale raison, et celle-là applicable à l’humanité en général, était que nos vertus elles-mêmes ne sont pas quelque chose de libre, de flottant, de quoi nous gardions la disponibilité permanente ; elles finissent par s’associer si étroitement dans notre esprit avec les actions à l’occasion desquelles nous nous sommes fait un devoir de les exercer, que si surgit pour nous une activité d’un autre ordre, elle nous prend au dépourvu et sans que nous ayons seulement l’idée qu’elle pourrait comporter la mise en oeuvre de ces mêmes vertus. Swann empressé avec ces nouvelles relations et les citant avec fierté, était comme ces grands artistes modestes ou généreux qui, s’ils se mettent à la fin de leur vie à se mêler de cuisine ou de jardinage, étalent une satisfaction naïve des louanges qu’on donne à leurs plats ou à leurs plates-bandes pour lesquels ils n’admettent pas la critique qu’ils acceptent aisément s’il s’agit de leurs chefs-d’oeuvre ; ou bien qui, donnant une de leurs toiles pour rien, ne peuvent en revanche sans mauvaise humeur perdre quarante sous aux dominos.
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